Schopenauher in da place

Aujourd'hui, et comme tous les jours jusqu'à la rentrée, je fais semblant de travailler me penche sur la philo, LA discipline qui vous rend tous fous, sauf moi. (J'aime beaucoup me placer en exception qui confirme la règle, je trouve ça très flatteur)

On m'a beaucoup demandé, dans mon entourage, si je me dirigeais vers des études de philo par défaut , question justifée à la vue de mon dossier scolaire, où la note de philosophie fait comme un pic dans le bulletin, les autres avoisinant au grand maximum le 12.
C'est quelque chose d'assez déstabilisant au début, je me suis d'ailleurs surprise à penser 'Ah ben ouais, pas faux, peut être que ça m'intéresse uniquement parce que j'y arrive'. (C'est pas parce qu'on fait de la philo qu'on est intelligent...) Et puis une fois cette phase de remise en question complètement absurde passée, j'ai pu répondre : il faudrait vraiment être idiot, ou alors complètement inconscient, pour partir en philo par défaut. La médecine, passe encore, au moins à la fin t'as un boulot... Mais la PHILO ? Excusez moi, qui irait, par défaut comme on dit, faire un métier tel que philosophe ? Le peu de personnes du milieu que je connaisse sont pour la plupart professeurs, au lycée pour ceux qui ont une vie sexuelle. Sinon les doctorants en philosophie du Droit et autres disciplines très intellectuelles vivent pour leur part dans un 18m² avec trois chats (si ceux ci ont les moyens de les nourrir, sinon -pas fous les chats- les pauvres bêtes s'en vont tenir compagnie à des gens qui ont plus de sous). Donc, les mecs, même si vous sortez d'un bac L au rattrappage, je vous en conjure, partez pas là dedans juste comme ça. Sauf si vous voulez finir comme mon copain qui a décidé de s'arrêter à la licence pour travailler au rayon produits animaliers de chez Botanic.

Je vais donc expliquer mon amour pour la philosophie (je m'en suis toujours passée quand je devais le faire en direct live, de peur de voir mes interlocuteurs finir par me taper dessus en hurlant 'oui tais toi maintenant, ça fait trois heures que tu parles' - vous remarquerez comme mes interlocuteurs sont polis, même quand ils crient-), en espérant que cela pourra aider certains allergiques à se remettre de leurs cours sur la science et la vérité (c'est vrai que cette partie du programme est pas des plus folichonnes).
La philo donc, c'est chouette, parce que c'est la seule science qui te laisse dire ce que tu veux, tant que t'es au courant que tu vas être contredit. Avec la philo, on a jamais tout à fait tort (jamais tout à fait raison non plus, mais voyons le bon coté des choses), et même avec un bagage intellectuel comparable à celui d'un poisson rouge, si on a une bonne idée et de bons arguments, on a le droit d'envoyer chier Descartes de façon royale. Quand on est ado et rebelle, on peut même adhérer à la philosophie de Nietzsche, y'a plus qu'à apprendre à épeler son nom et on en fait son auteur préféré sur Skyblog et Facebook.
En bref, la philo c'est utile dans la vie de tous les jours. Ca sert à briller en société, mais aussi à gueuler sur Manuel Valls quand il passe dans Salut les Terriens (il peut pas t'entendre en général, mais ça fait du bien) et qu'il dit que l'individualisme est un phénomène grimpant et surtout irréversible dans nos sociétés occidentales (bravo, pour l'impartialité politique on repassera, heureusement qu'elle se destine à être prof celle là). En gros, ça te permet de te forger tes opinions bien à toi, de les défendre et donc de pas faire partie de cette masse de gens qui croient tout ce que leur dit monsieur Pujadas (note pour moi même : faudra que j'apprenne à écrire son nom un jour) au journal du lundi soir. Et en plus, c'est absolument fascinant de tordre des idées dans tous les sens juste comme ça, par curiosité : on se rend compte que whoua, eh dis donc jsuis pas si bête que ça, et en plus c'est comme quand on avait quatre ans et qu'on jouait à casser les jambes des poupées Barbie, sauf que là, c'est avec la pensée. Sympa non ?

Le seul hic, c'est quand vous rentrez en prépa, et que vous recevez une lettre du directeur avec la liste des bouquins à lire; parce que non, L'Apologie de Socrate, ils pouvaient pas vous la faire lire, c'est trop clair, et puis pas assez long, nous on veut dla vraie prise de tête, tiens, si vous nous lisiez deux trois ouvrages de Kant, un peu de Rousseau, et puis pour le plaisir, on va vous coller Bettelheim avec, ça fait pas de mal.
Pas content ? Teuteuteu, ça c'est bien dommage, parce que comme dirait l'autre, t'as signé pour en chier !